Gouvernance et créativité

Gouvernance et créativité

Marie-Christine Simon

Collège de Psychologie Analytique, psychanalyse jungienne

 CG Jung propose, à partir de son expérience tant personnelle que professionnelle, l’hypothèse du processus d’individuation, constitué par ce fait que la psyché humaine en tant que réalité dynamique s’inscrit naturellement dans un processus de réalisation. L’art de la psychanalyse propre à la psychologie analytique vise le soutien de ce mouvement intérieur naturel, autant que sa relance, dans la mesure du possible, quand il a pris un tour pathologique.

 

 L’éthique de la pratique jungienne soutient, tout en respectant la singularité du patient et celle de la relation transférentielle, la création, dans le cadre analytique, des meilleures conditions pour que le patient vive une dynamique psychique satisfaisante et une réalisation relativement complète de ce qu’il est. Le processus inconscient à l’oeuvre, créatif, requiert pour aller à son terme que la conscience en accepte le développement et l’accompagne.

 

L’expérience nous apprend que la créativité en séance mais également le processus d’individuation de l’analyste, quant à lui, sont favorisés, ou non, par l’organisation et le fonctionnement de l’association/société professionnelle dont il est membre.

Otto Kernberg (Trente méthodes pour détruire la créativité des analystes en formation. Revue Française de Psychanalyse. Après l’analyse. 4/1997. Tome LXI.) a ainsi exposé dans un article dont la valeur est largement reconnue par la communauté psychanalytique, les types de fonctionnements organisationnels qui entravent voire annihilent la créativité de l’analyste en formation. 
Or être « en formation » caractérise la vie professionnelle psychanalytique,  au long cours.

 

Une organisation institutionnelle pyramidale, une hiérarchisation importante des fonctions, la séparation stricte entre les différentes catégories de membres, s’avèrent autant de facteurs qui limitent sévèrement la créativité de l’analyste et finissent inévitablement par contaminer le processus thérapeutique, analytique,  avec ses patients.

 

Conscients de ces risques et désireux d’une organisation et d’un fonctionnement autant que faire se peut sains, le Collège de Psychologie Analytique a cherché le type de dynamique institutionnelle le plus à même  de soutenir et favoriser la créativité de l’analyste, ou à tout le moins de ne pas l’inhiber.

 

Nous nous sommes dotés d’outils de travail institutionnel et clinique spécifiques, propres à accompagner l’esprit dans lequel nous souhaitons évoluer, caractérisé par l’horizontalité, la bienveillance, la reconnaissance et  le respect de nos différences.

Les méthodes d’organisation et de fonctionnement que nous avons choisies nécessitent le consentement a priori au travail nécessaire pour les connaître et les appliquer. De fait, le fonctionnement institutionnel du CPA engage  ses membres un travail individuel préalable et permanent en ce qui concerne son processus d’individuation, en particulier dans sa dimension de confrontation avec l’ombre. 

 

Principes de la gouvernance dynamique, méthode du travail en « ateliers cliniques », règles de fonctionnement de type sociocratique incluant les cercles, tant en atelier clinique qu’en assemblée générale ou en séminaires, constituent ces outils que nous nous sommes donnés pour oeuvrer ensemble dans le cadre du Collège de Psychologie Analytique.