Dora Kalff : le Jeu de sable

Collège de Psychologie Analytique, psychanalyse jungienne

Le Jeu de sable prend pour point de départ le travail de Dora Kalff. Elève de Carl Gustav Jung, elle s’est inspirée de la pratique de la médiation thérapeutique de Margaret Lowenfeld à Londres. Celle-ci utilisait de petits jouets avec les enfants, afin de les aider à symboliser et verbaliser leurs vécus. Dora Kalff rapporte la méthode en Suisse dans les années Soixantes avant de fonder, en 1985, la Société de la thérapie par le jeu de sable.

Largement inspirée des travaux de Jung sur la psyché (complexes autonomes, Soi, dissociation, tension des opposés, interprétation téléologique...), la méthode thérapeutique du Jeu de sable mise sur la capacité trouvée ou à retrouver, aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte, à se laisser porter par son monde imaginaire, l’intégration des dimensions inconscientes de la psyché et le sens de ce parcours propre à favoriser le processus d’individuation venant alors de surcroît. 

Dans un bac, aux dimensions précises, qui sert à la fois de scène et de bords au travail de créativité, le patient modèle le sable et y dépose différents petits objets mis à sa disposition, des objets qu’il sélectionne au gré de son imagination. Winnicott parlerait d’aire d’illusion. Dans ce lieu, le sable recouvre un fond bleu rappelant la mer. C’est en réalité, selon l’expression même de Dora Kalff, un espace libre et protégé. Ici, à l’intérieur de ce contenant symbolique, le patient dépose ses contenus psychiques. Le sable qui est une matière sans forme a pour caractéristique de favoriser les fonctions psychiques d’intuition, d’émotions et de sensations. On observe souvent que la manière dont le patient entre en contact avec le sable contenu dans le bac traduit son rapport avec ses objets internes.

Le recours aux figurines, objets transitionnels au sens de Winnicott, permet l’évocation des souvenirs tout comme il favorise des retrouvailles avec les émotions réprimées ; les figurines servent aussi à symboliser, en somme à unir les contraires, tel que l’entendait Jung avec sa fonction transcendante. 

De séances en séances, le dialogue entre conscient et inconscient se fait, tandis que le patient transfert sur le thérapeute des aspects méconnus en lui; les interprétations de ce qui se joue dans la relation et la vision globale des scènes réalisées dans le sable permettront au patient de devenir plus conscient, de se relier davantage à lui-même, à son histoire, à son propre sens de la vie. Naturellement, la bac, qui, est également un objet de transfert, joue un rôle de contenant central dans cette méthode thérapeutique, par laquelle un accroissement de l’épaisseur symbolique peut se produire.

En somme, chez des patients limites, la thérapie par le Jeu de sable peut favoriser l’expression et l’intégration des expériences primitives qui n’ont pu être rêvées, là où elle redonnera de la souplesse chez les patients souffrant de névroses liées à un état de tensions extrêmes entre des opposés. 

 

Emmanuel Cannou

Des exemples de jeux de sable

Une bibliographie sur le jeu de sable

1 / " Sandplay, A psychotherapeutic approach to the psyche" , Dora M. Kalff, Ed. Temenos Press.

2 / " Le jeu de sable, une pratique psychanalytique", Cyrille Bonamy et Bernadette Vandenbrouke, Ed: Le martin pêcheur.

3 / " Sandplay therapy, research and practice", Grace L. Hong, Ed. Routledge.

4 / " Sandplay therapy in vulnerable communities, a jungian approach", Eva Pattis Zoja, Ed. Routledge.